A lire sur Rue89, un compte rendu de la galette du PDF hier. Extraits:
Pour occuper le terrain et empêcher la nouvelle présidente du FN de prendre confortablement racine, Carl Lang a d'ores et déjà lié sa formation (le Parti de la France) à deux autres :
- la Nouvelle droite populaire (NDP) de Robert Spieler ;
- le Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret (qui avait pourtant annoncé sa retraite politique).
Le maire d'Orange, Jacques Bompard, pourrait aussi en faire partie avec sa Ligue du Sud, confirme Carl Lang. Bompard (actuellement mis en examen pour prise illégale d'intérêts), est certes un ancien du FN comme les personnalités précédemment citées. Mais il a fait alliance pour les régionales de 2010 avec le Bloc identitaire, rabiotant du terrain au détriment de Jean-Marie Le Pen.
Le Bloc identitaire pourrait-il, à son tour, rejoindre Carl Lang ? Peu probable compte tenu des références idéologiques et surtout des codes autour desquels s'articule le nouvel acteur à l'extrême droite. Interrogé par Rue89, Carl Lang n'y serait pas opposé mais botte en touche « parce que les Identitaires n'en veulent pas ! »
Même sans les Identitaires, l'alliance qui se forme autour de Carl Lang et contre Marine Le Pen s'est étoffée ces dernières heures.
Les frontistes déçus du scrutin du 16 janvier semblent avoir trouvé une oreille pour leurs frustrations en la personne de Lang. Ce dernier, trente années de militantisme au Front au compteur jusqu'en 2008, y a conservé de nombreuses relations. Y compris parmi les cadres du parti.
Roger Holleindre, l'un des fondateurs du FN, dédicaçait par exemple ses livres samedi en marge de la galette des rois, réunion publique que tenait Carl Lang dans le XVe arrondissement à Paris. Holleindre est un proche de Gollnisch, adversaire malheureux de Marine Le Pen dans la course à la présidence.
La présence de cet ancien cadre auprès du Parti de France est donc tout sauf anecdotique et pourrait amorcer un repli des déçus de l'élection de l'ex-« fille du chef » vers un nouvelle formation. Jean-Pierre Reveau, trésorier historique du FN années Le Pen père, était également annoncé à la même galette des rois.
Contacté samedi alors qu'il se trouvait à Vienne pour un colloque du FPÖ (le parti populiste autrichien fondé par Jörg Haider), Bruno Gollnish n'était pas surpris de cette hémorragie. Il avait plusieurs fois hérité des mandats de Carl Lang au sein du FN et ce dernier dit aujourd'hui qu'ils entretiennent « une relation personnelle suivie ».
Pour l'heure, Gollnisch affirme toutefois qu'il reste (encore) sur la position qui est la sienne depuis sa défaite.
Combien de temps le parlementaire européen tiendra-t-il sa position d'adversaire en interne ? Parmi ses réseaux, on trouve un certain nombre de personnalités issues de l'Oeuvre Française, un groupuscule lié à l'OAS.
Or, dans le giron de l'Œuvre, on lit aussi Rivarol, qui en est même de plus en plus proche. Et il se trouve que cet hebdomadaire, bien que pas toujours amène avec Gollnisch récemment, reste favorable à la stratégie de grande alliance développée par Carl Lang. Rivarol lui donne d'ailleurs une large tribune dans le dernier numéro, sorti le 28 janvier.
Carl Lang explique que c'est aussi bien dans « le programme que la personnalité » de Marine Le Pen que lui et ses nouveaux (anciens) amis ne se reconnaissent pas :
« Je ne lui fais confiance ni humainement ni politiquement. Humainement, elle pratique une culture du mépris. Politiquement, elle est pour la sortie de la zone euro alors que je juge moins risqué d'y rester aujourd'hui, même si j'avais fait campagne contre la monnaie unique.
Elle n'a pas prononcé le mot immigration durant son discours d'intronisation et elle fait preuve de pure démagogie dans les dossiers économiques comme les retraites.
Son discours médiatiquement compatible est politiquement correct alors que je n'avais pas de désaccords politiques avec son père. »