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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 17:39

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Par Léon Camus

 

 

Le 9juin 1899 Alfred Dreyfus quittait l’île du Diable où il avait été déporté. Le séjour de M.Strauss-Kahn dans l’île prison de Rikers aura été de plus courte durée et sa traversée du désert carcéral aura été celle d’un bac à sable. Sera-t-il ou non le futur président d’une France contrite et honteuse d’avoir méjugé de la vertu du grand homme victime de la perversité d’une femme de chambre? Seul l’avenir nous le dira. Mais de rebondissements en rebondissements, rien ne nous aura été épargné… reste que tant que le dossier du viol présumé ne se sera pas refermé sur la mise en accusation programmée de la “victime”, rien ne sera définitivement joué contrairement à ce que l’opinion, sidérée et retournée, croit à l’heure de maintenant.

 

D’abord quelques faits: le procureur de l’État de New-York, Cyrus Vance Jr (dont la carrière vient certainement de subir un sacré coup d’arrêt!), est vraiment un âne s’il a mis un mois et demi pour découvrir que dame Diallo serait une prostituée notoire, menteuse de surcroît, exerçant ses talents sous couvert d’un établissement hôtelier prestigieux du groupe français Accor, situé au cœur de Manhattan. À ce propos une question cruciale se pose immédiatement: la direction du Sofitel verra-t-elle sa responsabilité engagée maintenant que les activités coupables de la susdite ont été rendues publiques? Pour proxénétisme aggravé peut-être? Car enfin, M. Strauss-Kahn sera-t-il assez magnanime pour ne pas chercher à tirer réparation des grands torts qui lui ont été faits? Car n’est-ce pas la direction de cet hôtel, après avoir tergiversé une heure durant et s’être (dit-on) concerté entre-temps avec l’Élysée (DSK quitte l’hôtel à 12h30, la direction appelle la police à 13h30), qui lance l’affaire en jugeant crédibles les accusations d’une «employée modèle» en service depuis trois ans dans leur établissement?

 

Tout cela est si extraordinaire, si bouleversant, si incroyable que dans les heures qui suivirent l’arrestation du socialiste français, l’explication par le “piège” et le “complot” domine tous azimuts: le 16mai, soit deux jours après le coup de théâtre, un sondage donne 57% de Français convaincus de l’existence d’un complot. Une thèse qui repart aujourd’hui de plus belle avec l’inversion accusatoire faisant de la victime présumée une vraie criminelle désignée à la vindicte publique. Précisions d’entrée de jeu que les tenants du complot écartent toute la matérialité des faits (l’acte sexuel consenti ou non) pour ne s’intéresser qu’à leur exploitation. Pour notre part nous laisserons le soin à d’autres d’ergoter sur les mobiles et les méandres d’un éventuel “complot” pour ne nous intéresser qu’à ce que révèle l’épisode sans préjuger de son éventuel dénouement judiciaire… car enfin, les charges pesant sur le sieur S-K ne sont pas encore levées et l’affaire n’est pas encore définitivement close!

Notons au passage que la thèse du complot s’exerce à plein rendement à sens unique et qu’il ne viendrait à l’idée de personne et surtout d’aucun commentateur que certaines preuves accablantes quant à la crédibilité de la “plaignante” aient pu être forgées pour mieux annuler son témoignage… Complicité et argent ne permettent-ils pas en effet de réécrire une chronologie bancaire (on l’a vu avec l’affaire Clearstream) et de faire passer a posteriori cent mille dollars virtuels sur le compte électronique de Mrs Diallo? Même si celle-ci entretenait des relations inavouées avec un dealer de marijuana, 100000$ cela fait quand même beaucoup pour un petit délinquant, non?

 

Pas plus qu’il ne viendrait à l’idée de quiconque de mettre en cause l’honorabilité de Maître Brafam, avocat de la défense et des mafias locales, un personnage au bras long et disposant certainement de moyens d’actions et de leviers de pouvoir à n’en pas douter de la dernière efficacité. Mais apparemment aucune de ces questions ni aucun doute n’effleure l’esprit de l’un ou l’autre de ces beaux esprits qui à présent accablent la bonniche avec une véhémence proprement renversante. Nous savions tous que la défense entendait détruire le témoignage de la femme de chambre et pour ce faire la traîner dans la boue autant que possible, mais à ce point, non! Or nous découvrons avec stupéfaction que ce à quoi nous assistons dépasse l’imagination, car il s’agit d’un authentique assassinat, en bonne et due forme, associé à un spectaculaire lynchage médiatique, ici en France, sans pudeur ni retenue… parce qu’enfin si le rapport sexuel a eu lieu et rien ne prouve en l’état, absolument rien, que l’acte sexuel n’ait pas délictueux, autrement dit forcé voire carrément accompagné de violence! Reste alors une question déjà tranchée par la jurisprudence hexagonale: est-il licite de violer une prostituée?

Abandonnons maintenant les bouchers de l’exécution extra-judiciaire de MmeDiallo— mais il était nécessaire de rappeler ces quelques faits contextuels— pour ne nous intéresser qu’au sens à donner à cette affaire du seul point de vue, non pas prioritairement de la morale, mais de la nature du politique dominante de nos jours. Entendons par là sur ce que cette affaire nous révèle— en jetant un jour cru et blafard sur des réalités autrement cachées— quant aux mœurs de la classe politique en général et de DSK en particulier.

 

D’abord nous avons découvert que S-K était quasi assuré de succéder à M. Sarkozy à la tête de l’État et qu’incidemment les primaires socialistes étaient bidons, soit une vilaine mise en scène pour habiller de démocratisme ce qui n’était qu’un coup d’État déguisé: la prise du pouvoir par un homme dévoué corps et âme (s’il en a une!) à des intérêts étrangers; ce dont d’ailleurs il ne s’est jamais caché, rendons-lui cette justice. Un homme qui incarne ainsi dans toute sa plénitude ce «Parti de l’étranger» autrefois fortement dénoncé par Chirac lui-même dans son fameux Appel de Cochin (6décembre 1978).

 

Un homme qui censément avait à connaître des dossiers les plus lourds et les plus décisifs pour l’avenir du monde et celui de l’Union européenne, dossiers en particulier relatifs à la crise de la zone euro. Or ce trouble personnage est de toute évidence affligé d’une sexualité pathologique… DSK n’avait-il pas fait déjà appel au cours de la nuit précédent les faits aux services tarifés d’une fille de joie? Or quand bien même serait-il tombé dans un piège à visées crapuleuses, il n’en a pas moins reconnu avoir eu des rapports sexuels avec la dite femme de chambre. Une bien curieuse façon de préparer ses dossiers en prévision de sa rencontre du lendemain (le 15mai) avec la Chancelière Merkel pour la préparation d’un Conseil des ministres de l’Eurozone!

 

L’on conviendra à ce titre que le comportement de celui qui était alors encore directeur du Fonds Monétaire International colle mal avec les charges et les contraintes afférentes à des fonctions d’un tel niveau. Selon l’adage l’on ne peut être au four et au moulin, l’ivrognerie sexuelle d’icelui (et le peu de sérieux— c’est un euphémisme— dont elle témoigne) le disqualifie d’autorité pour les missions qui étaient les siennes, comme pour celles qu’il prétendait assumer en France. Indépendamment, avons-nous dit, de tout jugement moral parce qu’il n’est ici question que d’aspects strictement matériels, comportementaux et psychologiques, la “sociopathie” déclarée de DSK ne peut qu’avoir d’inadmissibles incidences sur les fonctions qu’il a ou aurait occupées. Est-il admissible qu’un homme appelé, par exemple, à détenir la clef du feu nucléaire (ressortant d’un pouvoir plus étendu qu’aucun roi de France, même le plus despotique, n’a jamais possédé, à savoir le pouvoir de vie et de mort sur l’ensemble de la Nation), soit l’objet de “pulsions” sexuelles irrépressibles? Une telle déviance comportementale est-elle seulement compatible avec les hautes charges auxquelles aspirait cet usurpateur d’un nouveau genre?

 

Là est le fond de l’affaire et nulle part ailleurs. Alors, faire de Strauss-Kahn un saint innocent, le dorloter à qui mieux mieux, le couvrir de louanges, a de quoi consterner… et incite à se poser des questions sur l’honnêteté ou la santé mentale de nos journaleux, de certains de nos dirigeants politiques et au-delà sur la perméabilité de l’opinion aux trucages et autres deus ex machina, aussi cyniques soient-ils, que l’on nous assène à grands coups de matraques médiatiques!

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