Et c'est l'homme en blanc qui le dit!
Ratzinger doit-il se racheter de son passé autrichien dans les répugnantes jeunesses hitlériennes, où l'on apprenait certainement à écarteler des chiots et à faire du savon artisanal ? Quelles qu'en soient les motivations, la révélation fait l'effet d'un coup de tonnerre: les Juifs n'ont pas tué Jésus! Incroyable, la LICRA en a rêvé, Benoît XVI l'a fait!
Ce n'est pas le peuple juif, dit-il, c'est "l'aristocratie du Temple". Fini, le peuple déicide, oubliés les "juifs perfides", nos "frères aînés dans la foi" sont blanchis.
Evidemment, dans les rangs cathos tradis, il y aura toujours des rabats-joie. Ainsi, le site Contre-info:
Et quand Saint Matthieu (XXVII,25) dit : « Tout le peuple répondit : ‘Nous prenons son sang sur nous et sur nos enfants!’ », Benoît XVI affirme que « Matthieu à coup sûr n’exprime pas un fait historique : comment le peuple tout entier aurait-il pu être présent en un tel moment pour demander la mort de Jésus ? » (...)
En revanche n’est pas évoqué (...) Saint Paul dont cette citation ne semble pas évoquer à première vue une oligarchie : « Vous avez souffert de la part de vos compatriotes ce qu’elles ont souffert de la part des Juifs. Ceux-ci ont mis à mort le Seigneur Jésus et les prophètes, et ils nous ont persécutés. Ils déplaisent à Dieu et sont ennemis de tous les hommes! Ils veulent nous empêcher d’annoncer aux autres peuples le message qui peut les sauver. Ils complètent ainsi la série de péchés qu’ils ont commis dans tous les temps. Mais la colère de Dieu les a finalement atteints. » (I Th. 2.13-20)
Nous y reviendrons, car nous avons entendu plus que cette seule exonération de ce crime unique au monde.
Ratzinger dans les jeunesses hitlériennes
Après un peu plus de lecture, donc, nous comprenons mieux les motivations de Ratzinger (à dire vrai, qui n'avait pas sa petite idée?):
Mais posons-nous avant tout cette question : qui étaient précisément les accusateurs ? Qui a insisté pour que Jésus soit condamné à mort ? Dans les réponses des Évangiles, il y a des différences sur lesquelles nous devons réfléchir. Selon Jean, ce sont simplement les « Juifs ». Mais cette expression chez Jean – comme le lecteur moderne serait tenté de l’interpréter – n’indique en aucune manière le peuple d’Israël comme tel, et elle a encore moins un caractère « raciste ».
Et même, le Panzer cardinal va plus loin puisqu'il déclare, à propos de cette phrase que les juifs abhorrent:
Si, selon Matthieu, « tout le peuple » avait dit : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (27,25), le chrétien doit se souvenir que le sang de Jésus parle un autre langage que celui d’Abel (cf. He 12,24) : il n’exige ni vengeance ni punition, mais il est réconciliation. Il n’est pas versé contre quelqu’un, mais c’est le sang répandu pour la multitude, pour tous. « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu… Dieu l’a exposé [Jésus], comme instrument de propitiation par son propre sang », dit Paul (Rm 3,23.25). De même que c’est en fonction de la foi qu’il faut lire de manière complètement neuve l’affirmation de Caïphe sur la nécessité de la mort de Jésus, de même faut-il le faire à propos de la parole de Matthieu sur le sang : lue dans la perspective de la foi, elle signifie que nous tous nous avons besoin de la force purificatrice de l’amour, et cette force, c’est son sang. Ce n’est pas une malédiction, mais une rédemption, un salut. C’est seulement en fonction de la théologie de la dernière Cène et de la Croix présente à travers tout le Nouveau Testament que la parole de Matthieu sur le sang acquiert son sens correct.
Cette phrase avait été dite mais pas sous-titrée dans la version, en araméen, du film de Mel Gibson, La Passion. Sans doute parce que le film aurait alors été considéré comme incitant à la haine ? Dans son texte, Benoît XVI la détourne complètement de son sens. Le sang retombé sur les juifs a été en fait l'occasion de leur rédemption! En langage clair, grâce à la crucifixion, nos amis juifs ont eu un petit bonus.
Ce blog n'est pas destiné à l'exégèse, mais nous avions déjà écrit: "les média catholiques ont peur de leur ombre." Ce ne sont pas seulement les media, mais tous ces catholiques mous, prêts à avaler n'importe quoi pourvu que ça aille dans le sens des droits de l'homme. De même que dans la République certaines affaires, Dreyfus, par exemple, ou certains chapitres de l'histoire (faut-il donner un exemple?) sont intouchables, dans l'Eglise désormais le langage anti-raciste, "anti-antisémite" remplace le bon sens le plus élémentaire. De même que ce sont la loi puis les tribunaux qui fixent la vérité historique, si bien que le citoyen n'a aucun recours, de même c'est la plus haute autorité qui institue aujourd'hui comme vérité religieuse une trahison éhontée du texte évangélique. Et comment le catholique lambda ira-t-il contre les propos du Vatican?
Certains ici pensent qu'on peut s'accomoder de la vérité par pragmatisme. Ils avaleront cette nouvelle comme ils ont avalé la loi Gayssot. Grand bien leur fasse. Cela ne nous empêchera pas de penser que la peur de l'antisémitisme est aujourd'hui plus forte que la foi dans les évangiles.
Extraits du livre Jésus de Nazareth dans lequel cette exégèse douteuse a été pondue, cliquez ici.