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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 15:25

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Logiquement, du fait de son impopularité persistante, Nicolas Sarkozy devrait être battu l’année prochaine et le candidat du Parti socialiste élu à l’Elysée. Cependant rien n’est encore fait, non seulement parce que le chef de l’Etat n’est jamais aussi performant que dans les campagnes électorales, mais aussi et surtout parce qu’on peut se demander si les socialistes n’ont pas remis en marche la machine à perdre. Après le coup de tonnerre que la rue de Solferino a reçu sur la tête avec  l’arrestation puis l’inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle, la gauche, au lieu de se rassembler derrière un candidat commun, s’éparpille et se divise comme jamais. Pas moins de cinq candidats participent aux primaires : Arnaud Montebourg, Ségolène Royal, François Hollande, Manuel Valls et Martine Aubry, qui a annoncé le 28 juin depuis son fief lillois son intention de briguer la magistrature suprême. «J’ai toujours pensé qu’en politique, elle était meilleure que moi», disait Jacques Delors de sa fille en 2008. En se lançant dans la bataille des primaires trois ans plus tard, Martine Aubry prend en tout cas le chemin opposé de son géniteur, qui avait déçu les espoirs socialistes fin 1994 en refusant de concourir à la reine des élections de la Ve République.

 

Reste que la première secrétaire du PS, qui s’est mise en congé de ses responsabilités à la tête du parti, a tardé à se déclarer. Beaucoup disaient en effet qu’elle n’avait aucune envie de s’engager dans cette bataille. Elle avait d’ailleurs passé, dit-on, un contrat avec le directeur général du Fonds monétaire international: à toi l’Elysée, à moi le parti. Las, ce qui s’est passé le 15 mai dans une chambre du Sofitel à Manhattan a bouleversé la donne. Pour faire taire ceux qui doutent aujourd’hui encore de sa motivation, elle a prononcé à neuf reprises l’expression «je veux» dans son discours de candidature, une allocution d’ailleurs sans relief et très langue de bois.

 

Contrairement à ce que certains pourraient penser, la fille de Delors est une femme très à gauche qui n’a jamais celé sa haine des nationaux. Elle avait ainsi coécrit en 1997 avec Olivier Duhamel un Manuel pour lutter contre l’extrême droite où étaient repris sans aucune originalité tous les poncifs contre le camp national. Ministre de l’Emploi et de la Solidarité dans le gouvernement Jospin de 1997 à 2002, elle est à l’origine de toutes les réformes les plus à gauche et les plus calamiteuses de ce quinquennat, qu’il s’agisse des 35 heures (même si c’est DSK qui a introduit cette disposition dans le programme législatif des socialistes), de la couverture maladie universelle (CMU), des emplois-jeunes ou de l’allongement de la durée légale pour avorter car Fifille Delors, divorcée de Xavier Aubry et remariée à l’avocat lillois Jean-Louis Brochen, est également une féministe de choc, très engagée dans les luttes pour le droit à l’avortement et à la contraception. Par ailleurs, Aubry a proposé que le numéro deux du parti, Harlem Désir, le premier président de SOS-Racisme, lui succède le 30 juin à la tête d’une direction collégiale. Tout un symbole!

 

Martine Aubry réunira tous ceux qui au PS refusent de rejoindre François Hollande, ancien premier secrétaire et actuel favori des enquêtes d’opinion. A l’exception d’Arnaud Montebourg qui cette fois fait cavalier seul, le maire de Lille devrait rassembler autour d’elle ceux qui avaient voulu contrer l’ascension de Ségolène Royal lors du désastreux congrès de Reims en novembre 2008: les amis de Laurent Fabius, une bonne part des strauss-Kahniens. Quant à Bertand Delanoë, il a apporté à Aubry son soutien le soir même de sa déclaration de candidature, preuve que le maire de Paris qui avait cru naguère à un destin présidentiel a renoncé pour l’heure à des ambitions nationales.

 

La bagarre promet d’être rude entre les différents compétiteurs d’autant qu’aucun n’a pris une avance suffisamment confortable pour s’imposer à tous. Toujours en berne dans les sondages, la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes est cependant très combative. Le 26 juin, depuis Arçay dans son bastion des Deux-Sèvres, elle s’est prononcée pour l’instauration d’un «ordre social juste», ce qui n’engage pas à grand-chose et a affirmé avoir «compris ses erreurs» de la campagne de 2007. Les politiciens répétent toujours le même refrain: ils ont commis des erreurs mais, maintenant, ils ont compris. Sarkozy tenait un discours semblable pour que l’on vote pour lui il y a quatre ans. En réalité ces marionnettes ne changent pas car elles sont prisonnières (volontairement) du Système mondialiste et amoral qu’elles servent et dont en retour elles profitent.

 

Les socialistes ont cru trouver la panacée avec un système des primaires non plus limité aux seuls adhérents du parti à la rose comme ce fut le cas en 1994 entre Lionel Jospin et Henri Emmanuelli et en 2006 entre Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn mais désormais ouvert à tous les sympathisants de gauche inscrits sur les listes électorales. Ce système très complexe et fort coûteux n’est pas sans graves inconvénients : les employés municipaux des mairies socialistes ne se sentiront-ils pas obligés de participer à cette consultation de crainte d’être mal vus voire de perdre leur travail, ainsi que l’a remarqué pour une fois avec raison Jean-François Copé? De toute façon trop de démocratie tue la démocratie. Or nous sommes sur ce point en état d’overdose permanente.

 

jeromebourbon@yahoo.fr

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commentaires

J
<br /> <br /> Je viens de recevoir le rivarol en version numérique. Encore un EXCELLENT article de Reynouard! Je raffole de ses pages d'histoire.<br /> <br /> <br /> <br />
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