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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 16:28

 

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PERTE DU SENAT, AFFAIRE KARACHI:

 

 

SARKOZY DANS LA NASSE

 

 

Dimanche dernier le Sénat a basculé à gauche. A six mois de la présidentielle le symbole est désastreux pour la majorité et singulièrement pour le chef de l’Etat. En effet, depuis les débuts de la VeRépublique, jamais le Palais du Luxembourg n’avait connu une majorité de gauche, même s’il s’est parfois opposé vigoureusement à l’Exécutif (que l’on songe au combat de Gaston Monnerville contre Charles De Gaulle dans les années soixante et, dans une moindre mesure, à l’opposition que le Sénat manifesta envers les gouvernements socialistes, surtout lors du premier septennat de François Mitterrand). L’UMP a beau tenter de minimiser la raclée qu’elle a subie en expliquant que les gains des socialistes, des communistes et des Verts sont consécutifs aux victoires de la gauche aux dernières élections municipales, régionales et cantonales, il n’était pas évident que le Sénat changeât pour autant de camp dès cette année. C’est si vrai que jusqu’à ces derniers jours les dirigeants de la droite parlementaire étaient convaincus de garder le contrôle de la Haute Assemblée avec au moins une dizaine de sièges d’avance. En réalité, au-delà de la progression mécanique de la gauche liée à ses succès électoraux locaux, s’est manifestée dans ce scrutin réservé aux grands électeurs une fronde très nette contre le gouvernement et plus encore contre l’Elyséen. La réforme territoriale qui a été imposée au forceps, sans discussions, pour favoriser les intérêts exclusifs de l’UMP (du moins c’est ce qu’espéraient ses auteurs) a suscité une vague de mécontentements parmi les élus locaux qui en ont assez de n’être jamais ni écoutés ni consultés et d’être ainsi mis devant le fait accompli. La victoire surprise du dissident de l’UMP Pierre Charon à Paris, tout comme la défaite d’Isabelle Balkany dans les Hauts-de-Seine, sont un autre signe très clair de défiance envers le président de la République de la part d’élus pourtant estampillés UMP.

 

Théoriquement c’est Jean-Pierre Bel, le président du groupe socialiste au Palais du Luxembourg, qui devrait hériter le 1eroctobre du fauteuil de président du Sénat mais l’actuel titulaire, Gérard Larcher, qui dispose de solides réseaux maçonniques transcendant les étiquettes, pourrait peut-être créer la surprise, même si c’est l’Elysée a clairement indiqué qu’il fallait laisser les rênes de la Haute Assemblée à la gauche qui détient la majorité absolue (177 sièges sur 348). Cette nouvelle donne compliquera la tâche du gouvernement Fillon pour la fin de la mandature mais surtout, si comme c’est actuellement l’hypothèse la plus probable, le Parti socialiste et ses alliés conquièrent en 2012 l’Elysée, Matignon et obtiennent la majorité absolue à l’Assemblée nationale, la gauche disposera de tous les pouvoirs dans notre pays, ce qui est sans précédent depuis la IIIe République et elle pourra modifier la Constitution aussi souvent et aussi radicalement qu’elle le voudra. On songe notamment à l’octroi du droit de vote aux étrangers extra-européens, d’abord aux élections municipales, territoriales voire européennes et, pourquoi pas plus tard, à toutes les élections en vertu du principe de non-discrimination. Après tout les immigrés ont le droit de participer aux primaires socialistes du 9octobre, indication de ce que la gauche mettra en œuvre une fois aux responsabilités.

 

Une hypothèse d’autant plus sérieuse que l’étau se resserre autour du locataire de l’Elysée dans l’affaire Karachi. Depuis le 21septembre, deux très proches du chef de l’Etat— son ancien conseiller et ami Thierry Gaubert, frère de Patrick, l’ancien président de la LICRA, ainsi que Nicolas Bazire, témoin de son dernier mariage— sont directement dans le collimateur de la justice. Le premier, ci-devant responsable de la communication à la mairie de Neuilly du temps où officiait un certain Nicolas Sarkozy a été interpellé et mis en examen. Le second, directeur de cabinet d’Edouard Balladur à Matignon de 1993 à 1995, a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour corruption liée à la vente de sous-marins au Pakistan en 1994. Plusieurs témoins entendus par le juge d’instruction Renaud VanRuymbeke ont ainsi incriminés les deux hommes dans le versement de rétrocommissions qui auraient servi à financer, l’année suivante, la campagne présidentielle d’Edouard Balladur. Mediapart et Le Nouvel Observateur ont publié un témoignage accablant d’Hélène de Yougoslavie, ex-épouse de Thierry Gaubert, qui raconte que son ex-mari avait accompagné l’affairiste franco-libanais Ziad Takieddine en Suisse pour «aller chercher des valises volumineuses de billets», ajoutant que ces précieux bagages étaient directement récupérés par Nicolas Bazire. «Nicolas Sarkozy est au cœur de la corruption» conclut Me Olivier Morice, avocat des familles des victimes de l’attentat de 2002 qui avait fait 11 morts au Pakistan— des salariés français de la Direction des constructions navales—. Me Morice explique que «lorsqu’il était ministre du Budget, Sarkozy a validé le système qui a permis le retour des commissions illicites».

 

L’élyséen est d’autant plus dans la nasse que son fidèle Brice Hortefeux, qui était pressenti pour diriger sa campagne présidentielle en 2012, s’est pris les pieds dans le tapis en téléphonant à son ami Thierry Gaubert pour lui révéler, angoissé, que son ex-épouse «balançait beaucoup». Si bien que Me Morice a porté plainte le 26septembre contre l’ex-ministre de l’Intérieur pour «subornation de témoin et entrave au bon fonctionnement de la justice». Si, contrairement à ce qui se passe d’ordinaire en pareil cas, l’affaire ne se dégonfle pas, le chef de l’Etat est dans de beaux draps. Au point qu’on peut se demander s’il pourra même briguer à nouveau la magistrature suprême.

 

jeromebourbon@yahoo.fr

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