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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 17:50

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Vers un soulèvement populaire général du monde arabe?

 

Après la Tunisie, l’Egypte. Où et quand s’arrêtera cette révolution populaire arabe?Les émeutes qui ont commencé il y a quelques semaines à Tunis et qui ont conduit à la fuite du président Ben Ali, après vingt-trois ans de règne sans partage, atteignent désormais l’Egypte. Le 1er février deux millions de manifestants sont descendus dans les rues des villes pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis trente ans. Quelque 500 000 personnes se sont massées sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, à l’occasion de cette «marche du million» destinée à accentuer la pression sur le vieux raïs.  Dans les différents cortèges les slogans hostiles à l’actuel président étaient légion :  «Moubarak, réveille-toi, c’est ton dernier jour!»,  «Moubarak, pars en Arabie ou à Bahreïn!», «On ne veut pas de toi, on ne veut pas de toi!», «Révolution, Révolution jusqu’à la victoire», «Dehors Moubarak, ta tête va tomber», «Moubarak, lâche, agent des Etats-Unis!»...

Quelles sont les raisons qui expliquent l’ampleur et la soudaineté de tels mouvements populaires de Tunis au Caire? Les conditions économiques et sociales difficiles sont un facteur important, surtout d’ailleurs en Egypte où un grand nombre d’habitants vivent dans la misère et ne souffrent plus d’être (mal) dirigés par des hommes autoritaires, corrompus, usés car depuis plusieurs décennies au pouvoir et qui, eux, ont des trains de vie de nabab. Autre motif essentiel, l’hostilité à l’égard de régimes jugés pro-américains et pro-israéliens. Ce n’est pas un hasard si les Frères musulmans jouent un rôle très important dans l’insurrection populaire au Caire. L’Egypte de Moubarak est en effet l’allié objectif des Etats-Unis et d’Israël. Or, l’entité sioniste qui a déjà perdu la Turquie comme amie depuis l’affaire de la flottille ne peut accepter facilement que le pays des pharaons installe à sa tête un régime hostile. C’est sans doute la raison pour laquelle Moubarak semble actuellement plus soutenu par la communauté internationale que Ben Ali.

 

 

Les Etats-Unis et l’État hébreu craignent ces mouvements de rue dont ils ne savent pas sur quoi ils peuvent déboucher. C’est pourquoi ils essaient de les accompagner, de les neutraliser et de les récupérer. Ils ont lâché très vite le président tunisien Ben Ali qui a toutefois trouvé refuge en Arabie Saoudite, allié de l’Oncle Sam. En Egypte le mouvement prend d’autant plus d’ampleur que l’armée qui y détient le pouvoir ne semble plus totalement aux ordres de Moubarak. Le 31 janvier, au huitième jour d’une révolte ayant fait au moins 125 morts (l’ONU avançait le chiffre de 300 victimes), elle a jugé “légitimes” les revendications du peuple et s’est engagée à ne pas faire usage de la force contrairement à ce qui avait été fait les jours précédents. L’on pouvait voir le 1erf évrier cette scène surréaliste: des soldats, pour certains perchés sur des véhicules blindés constellés de graffiti anti-Moubarak, souriaient et opinaient tandis que la foule criait: «Le peuple et l’armée sont main dans la main.»

 

 

Pas plus qu’en Tunisie, le changement de gouvernement annoncé par le raïs égyptien n’a pour l’heure réussi à apaiser les mécontentements, non plus que son allocution télévisée mardi soir où il a affirmé sa volonté d’achever son mandat— qui expire en septembre— mais de ne pas en solliciter un nouveau. La veille, c’était le tout nouveau vice-président, Omar Souleimane, qui lançait un appel au dialogue avec toutes les forces politiques du pays. Mais pour l’instant en vain. «La révolution n’acceptera pas Omar Souleimane, même pour une période de transition. Nous voulons un nouveau dirigeant », déclarait ainsi Mohamed Saber, militant des Frères musulmans. L’opposant Mohamed ElBaradeï, rentré d’Autriche la semaine dernière, a demandé le 1er février à Hosni Moubarak d’abandonner le pouvoir et de quitter l’Egypte, afin d’éviter un bain de sang. Le 2 février, l’armée appelait les manifestants à mettre fin à leurs actions mais actuellement le peuple égyptien semble résolu à ne rien céder. Le conflit n’est donc pas terminé et pourrait peut-être s’exporter dans d’autres pays arabes au grand dam de Washington et de Tel Aviv qui ont l’habitude dans cette région du monde d’avoir pour interlocuteurs de simples marionnettes. A moins que, comme souvent, ils ne finissent par retourner la situation à leur avantage. 

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