Solange me devance ce matin en parlant dans son dernier commentaire de ce qui allait faire l'objet de cet article, le dernier sondage BVA. Les grands esprits se rencontrent !
Les courbes des sondages se croisent... et pas seulement celles de Sarkozy et de Hollande mais celles, c'était prévisible, de Mélenchon et de Marine Le Pen. Le premier n'a aucun mal à faire de sa campagne un succès, étant donné la médiocrité du candidat PS, la conjoncture économique et sa grande gueule dont il se sert pour apparaître comme un homme de conviction. Car Mélenchon, quand il braille, le fait souvent dans un français correct ; il n'alterne pas les diatribes et les chansonnettes, ce qui le rend un peu plus crédible comme homme politique. Ajoutons qu'il sait toucher le coeur de la populace avec le seul discours de haine autorisé dans ce pays : la haine des chefs d'entreprise et de tout ce qui a un peu de bien. Ah, ça ira, les artistocrates à la lanterne ! Rien n'a changé depuis 1789, l'envie est le péché sur lequel Mélenchon a décidé de baser son succès. MLP fait pâle figure avec son discours politiquement correct, ses yeux de Chimène pour les juifs, pour les Français de papier, son incapacité à débattre avec un contradicteur.
A débattre avec Mélenchon, par exemple. Elle avait dédaigneusement argué du fait qu'ils ne boxaient pas dans la même catégorie : que dirait-elle, aujourd'hui qu'il est devenu le troisième homme de cette campagne?
Comment expliquer une telle dégringolade, des 20% qu'elle s'attribuait au petit 13% de ce dernier sondage? Sans doute à cause de sa stratégie de "dédiabolisation". Ne sont-ce pas les dérapages, ces petites phrases jouissives dont les journalistes se repaissent, n'est-ce pas la liberté de ton et de pensée, même relative, dont faisait preuve Le Pen père, qui ont fait son succès? Les électeurs du FN étaient des nationalistes convaincus ou des Français excédés par les conséquences de l'immigration et l'alternance sclérosante de l'UMPS. Les nationalistes ont été chassés, et les Français excédés, désireux de donner un "coup de pied dans les urnes", déçus du politiquement correct, du comité de campagne black-blanc-beur par exemple, ne se dirigeront-ils pas vers l'étoile rouge montante qui leur promet monts et merveilles ?
La seule chance de MLP était le retour aux fondamentaux. Elle devait rester une voix discordante dans cette campagne. Mais MLP a des convictions (si, si) : des convictions aux antipodes des fondamentaux de l'ex-FN. Elle en paie le prix aujourd'hui.