Ca, une Madone?
Madonna sait parler l'israélien. Elle en a donné la preuve lors de son concert à Tel-Aviv le 31 mai en diffusant le clip de sa chanson "Nobody Knows Me", dans lequel elle affublait Marine Le Pen d'une svatiska. Le FN avait prévenu qu'il porterait plainte si le même clip était diffusé en France. Il le fut, lors d'un concert donné au Stade de France. Les journaux relayèrent l'information avec leur neutralité habituelle, c'est à dire leur bienveillance envers la star défraîchie. Comparer MLP à un étron fumant, à une nazie, voilà qui suscite systématiquement l'enthousiasme. Mais les media furent vite refroidis devant la dérobade de Madonna à Nice le 21 août: la svatiska avait été remplacée par un point d'interrogation. La déception était palpable. Ainsi dans Le Nouvel Obs:
La reine de la provocation n'est plus : la preuve en vidéo. A l'occasion du dernier concert de sa tournée en France, Madonna a choisi de calmer la polémique qu'elle avait ouverte contre le FN, en renonçant mardi 21 août à Nice à apposer une croix gammée sur le visage de Marine Le Pen dans un clip diffusé au stade Charles-Ehrmann.
Une provocation, la svatiska sur le front de MLP? En France, et a fortiori à Tel-Aviv, on appelle ça de la démagogie plutôt. Une belle démonstration de pensée unique. Madonna est de toutes les causes faciles : elle a ainsi appelé ses spectateurs à brailler "libérez les Pussy Riot" lors d'un concert à St Petersbourg. Quelle provocatrice! Quel esprit libre! Quel admirable engagement politique!
Dans la même veine, elle s'est fait tatouer le nom de son candidat à la Maison Blanche favori. Elle a, vous vous en doutez, choisi le plus conspué, le plus controversé... Barack Obama! La presse lui a distribué un bon point. Mais dans son enthousiasme, ivre de liberté de pensée, Madonna a dérapé: tout en appelant à voter "pour ce putain d'Obama. Pour le meilleur et pour le pire", elle a déclaré que l'espoir (on se souvient des affiches rouges et grises exhibant la bobine d'Obama, avec le mot HOPE inscrit en-dessous) était encore possible puisque "nous avons un musulman noir à la Maison Blanche". Musulman? Horreur! C'est ce qu'il ne faut absolument pas dire à propos d'Obama! Bourde, gaffe, dérapage, la presse harasse la pauvre Madonna à qui l'on n'avait jamais demandé auparavant d'avoir un cerveau, ses courbes parlant pour elle. Il n'est que de lire cet article au vitriol, toujours dans Le Nouvel Obs:
On a rougi pour la Material Girl en entendant sa prise de position amplifiée par les murs d'enceintes d'un concert, à Washington qui plus est. Le symbole pouvait être fort, la bourde n'en fut que plus retentissante. (...)
Une tournée "MDMA" où, encore, où la chanteuse mêlait bons sentiments, évidences et marketing avec une légèreté pachydermique.(...)
Il faut avouer que les ultimes tentatives de provocations de Madonna à coup de strip-teases ne suscitant plus l'émoi de ses jeunes années, lui restait le terrain des mots. Et si possible la parcelle politique. Mais pour en tirer les fruits, il lui faudra se cultiver.
Eh oui, Madonna: il faut vous cultiver. Lisez donc les bons journaux, Le Figaro, Actualité Juive, que sais-je encore? Vous deviendrez ainsi une provocatrice accomplie, une figure politique incontournable, en embrassant toutes les causes que les journaleux vous présenteront comme valables.
Mais si le but est de faire parler de vous, essayez donc de distribuer des RIVAROL lors de votre prochain pasage à Tel-Aviv: la Une dans tous les journaux du lendemain vous serait acquise!